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Colloque international sur la langue amazighe à Bouira

«Il est temps d’avoir une seule norme graphique»

L’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira a organisé le deuxième colloque international sur la langue amazighe, les 17 et 18 du mois courant, sous le thème «La langue amazighe, de la tradition orale au champ de la production écrite, parcours et défis».

Cet événement a vu la participation de professeurs et linguistes venus de différentes universités algériennes, marocaines et françaises. Au menu, 25 conférences suivies de débats. La première journée a été consacrée à deux thèmes, à savoir «Oralité et passage à l’écriture» et «Nouveaux genres et caractérisation des corpus écrits». La deuxième journée, quant à elle, a été dédiée à trois autres thèmes : «Problèmes de traduction de et vers tamazight», «Langue et pratique pédagogique» et enfin «Gestion de la ponctuation et de l’écriture en tamazight».

Lors de la première journée, la parole a été donnée à 10 conférenciers. Le docteur El Khatir Aboulkacem-Afulay, de l’Institut royal de culture amazighe (Ircam) du Maroc, a démontré que l’écriture a toujours existé dans certains milieux amazighs, mais à des degrés variables, prenant pour exemple la région du Sud marocain. Quant à Kamal Bouamara, professeur à l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, il s’est étalé sur le passage de l’oralité à l’écrit de la langue amazighe. Le conférencier a essayé de montrer que l’expérience de la transcription à base gréco-latine est sans commune mesure par rapport à celle du tifinagh ou de l’alphabet arabe.

La deuxième journée a été aussi riche en apports que la première. D’autres volets ont été discutés, à l’instar des difficultés rencontrées lors du passage de l’oral à l’écrit. Selon le docteur Khaled Aïgoun, cette aptitude nécessite beaucoup d’acquis : «Il faut d’abord maîtriser les outils de la linguistique, le lexique et la grammaire pour ne pas rater la transcription. C’est le temps aussi de réviser la transcription actuelle pour avoir une seule norme graphique.» Quant à Ferhat Balouli, il a traité les problématiques liées à la traduction des œuvres en tamazight vers d’autres langues, prenant comme exemple son expérience de la traduction. Comme l’on déplore aussi l’inexistence des dictionnaires à référent culturel pour traduire les citations.

Kania Rabdi, de l’université de Bouira, s’est étalée sur la problématique de l’enseignement oral de tamazight à l’école. Elle a préconisé, dans son intervention en langue amazighe – la seule –, l’utilisation de supports pédagogiques simples et utilesd’ailleurs pour accélérer l’apprentissage de l’oral : «Pour apprendre l’oralité à l’école, nous devons utiliser et exploiter des supports oraux comme les chansons, les contes et même les vidéos, qui sont puisés de la culture amazighe. Je pense que c’est mieux que d’utiliser des textes écrits.»
 

Omar Arbane